Pour L application des lois anti tabac-AUB
Tabagisme Une équipe de chercheurs de l'Université américaine de Beyrouth œuvre pour l'application des lois antitabac au Liban, mais aussi pour la mise en place d'étiquettes mettant en garde contre les effets néfastes du narguilé.
Une équipe de l'Université américaine de Beyrouth (AUB), qui lutte contre le tabagisme au Liban, mène des recherches pour « aider les décideurs à améliorer leur politique visant à contrôler le tabagisme au Liban ». Le Groupe de recherche sur le tabagisme, fondé à l'AUB en 1999, a mené récemment une étude sur les méfaits du tabagisme sur la santé, notamment la cigarette et le narguilé. Il essaie dans ce cadre de pousser à la promulgation d'une loi imposant la mise en place d'étiquettes de mise en garde contre les narguilés.
« À travers nos programmes de recherche, nous souhaitons aider les décideurs à identifier et à surmonter les barrières qui empêchent l'application des politiques antitabagisme » au Liban, a ainsi expliqué Rima Naccache, du département de la santé publique de l'AUB et membre du groupe. « Nous avons assez de données que nous pouvons disséminer pour sensibiliser l'opinion publique aux méfaits du tabac et pousser les décideurs à mettre en place les politiques nécessaires » pour combattre ce fléau, a-t-elle poursuivi.
Selon les recherches internationales, le tabagisme est responsable de cinq millions de décès par an, la majorité survenant dans les pays en développement. Il s'agit également, selon les chercheurs, du seul produit qui nuit également aux personnes qui y sont exposées.
Un communiqué de l'AUB souligne que les chercheurs sont d'autant plus inquiets que l'industrie du tabac continue à viser les populations, principalement les jeunes et les femmes, dans des pays à revenus faibles à moyens, comme le Liban, pour augmenter son marché. En effet, avec les lois antitabac en vigueur dans plusieurs pays d'Europe, ces compagnies perdent une grande part de leur marché. La mention « léger » ou « light », ou encore « tabac sans fumée » est une de ces stratégies utilisées par ces compagnies. Les chercheurs estiment toutefois que ces mentions ne constituent nullement des alternatives plus sûres aux cigarettes régulières. Au contraire, des additifs ont été ajoutés à ces cigarettes. Ils diffusent des toxines dans les poumons inférieurs, ce qui provoque un cancer plus en profondeur.
Une convention non appliquée
Le Liban a, rappelons-le, ratifié la convention-cadre de l'Organisation mondiale de la santé pour la lutte antitabac (FCTC). Celle-ci propose plusieurs politiques nécessaires pour préserver la santé des citoyens.
« Jusqu'à présent, le Liban est faiblement engagé envers la mise en place de cette convention, bien que la majorité des Libanais soit en faveur » d'une loi antitabac, déplore le communiqué de l'AUB. La convention prévoit des normes internationales pour l'augmentation des prix du tabac et des taxes, la publicité et le parrainage, l'étiquetage, le commerce illicite et l'exposition à la fumée du tabac.
Insistant dans leurs recherches sur tous ces aspects de la convention, les chercheurs de l'AUB ont toutefois mis l'accent dans leur dernière étude sur les mesures à prendre pour améliorer la réglementation du tabagisme et prévenir la première cigarette. Ils se sont également penchés sur le narguilé, qui « ne fait pas l'objet d'une réglementation » et qui est aussi nocif que la cigarette.
« Le tabagisme est devenu une épidémie », indique de son côté le Dr Ghazi Zaatari, chef du département de pathologie et de médecine laborantine à l'AUB, et membre du Groupe de lutte antitabac, soulignant qu'une personne sur cinq dans le monde est tabagique.
La cigarette contient 4 600 substances chimiques toxiques, comme le poison du rat, l'arsenic, l'ammoniaque, des solvants industriels, de la nicotine, etc. Les professionnels de la santé et les chercheurs essaient de former un lobbying pour qu'un plus grand nombre de substances contenues dans la cigarette fassent l'objet d'un contrôle.
« Bien qu'il n'existe pas de cigarettes sûres, nous espérons réduire les effets néfastes sur les consommateurs, indique le Dr Zaatari. L'industrie est capable de réduire le taux de carcinogènes, mais elle refuse de le faire, puisque le goût de la cigarette serait altéré, ce qui pourrait pousser certains à l'abandonner. »