L’économie verte, un outil pour défier la crise ?

Au cours d'un séminaire organisé hier à Beyrouth, plusieurs experts ont appelé à investir davantage dans des initiatives « vertes » susceptibles de créer des millions d'emplois dans le monde.

À l'initiative du Forum arabe pour l'environnement et le développement (AFED) et en collaboration avec le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) et la société Averda International, un séminaire a été organisé hier à Beyrouth sous le thème « La responsabilité environnementale des compagnies : défis et opportunités », auquel ont pris part plusieurs PDG d'entreprises ainsi que des représentants du secteur public, de la société civile et de diverses ONG.
Les allocutions étaient notamment axées sur l'importance du développement de l'économie verte, à l'ombre de la crise mondiale actuelle, et sur la nécessité de saisir le contexte actuel pour mettre en place un nouveau régime économique, basé sur le respect de l'environnement et la croissance durable. Pour la plupart des intervenants, le développement d'une économie « plus propre » constituerait, sur fond de reprise du chômage, un véritable relais en termes d'emplois. Les efforts déployés pour lutter contre le changement climatique ou encore pour développer les énergies renouvelables sont en effet, parmi d'autres, des initiatives susceptibles de générer des millions de nouveaux emplois à moyen terme, ont-ils souligné

La montée en puissance de l'économie verte servirait, sur un autre plan, de plate-forme pour une transition vers une économie mondiale viable et moins polluante. « La récession économique, qui frappe toutes les régions du monde dont les pays arabes, constitue aujourd'hui une rare opportunité pour réorienter nos énergies et nos ressources vers un modèle de développement durable », a ainsi souligné le directeur de la section économique et commerciale du PNUE à Genève, Hussein Abaza. Pour lui, les risques guettant à l'heure actuelle le marché de l'emploi, ainsi que ceux liés à la sécurité alimentaire, sanitaire et climatique, devraient être transformés en opportunités d'investissement dans divers secteurs, dont celui de la production propre et efficace. Les intervenants ont souligné, à cet égard, le rôle primordial des entreprises dans le développement du processus, même si cela implique des coûts supplémentaires à court terme.
Outre l'aspect purement environnemental, les avantages économiques découlant du développement de l'infrastructure « verte » sont en effet loin d'être négligeables, aussi bien pour les entreprises que pour l'économie globale. Ils permettent en tout cas de limiter les pertes dues à la détérioration de l'environnement. En effet, selon une étude élaborée par l'AFED, le coût annuel de la dégradation environnementale dans les pays arabes s'élève à 5 % du PIB de la région. Parmi les pertes directes ou indirectes figurent les frais de santé liés à la pollution urbaine et le manque à gagner dû à la désertification qui, selon le rapport, s'élèvent tous deux à près de 10 milliards de dollars par an. Pour mieux illustrer l'impact néfaste des bouleversements écologiques, l'AFED cite dans son rapport le cas de sécheresse extrême survenue en Australie qui a occasionné depuis 2002 des pertes estimées à 20 milliards de dollars, soit près de 2 % du PIB du pays.
Le rapport déplore en outre l'absence de toute politique dans le monde arabe visant à limiter les dégâts causés par la structure économique actuelle, regrettant le fait que moins de 1 % du budget global des pays de la région soit alloué à l'environnement et que seulement 0,2 % du PIB régional soit consacré aux dépenses liées à la recherche dans le domaine.

 

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