La sieste est-elle necessaire?
La sieste est-elle nécessaire ?
On ressent souvent une somnolence et une baisse de performances en début d'après-midi, et on aimerait bien faire une sieste à ce moment-là. En Chine, l'article 49 de la constitution stipule que « tout travailleur a droit à la sieste «, et, au Japon, la plupart des grandes entreprises mettent à disposition de leurs employés des salons de sieste. Notre pays est-il en retard sur ce sujet ? La sieste est-elle nécessaire ?
Depuis quelques années, les scientifiques étudient les bienfaits de la sieste chez les jeunes - souvent en manque de sommeil -, les employés et les personnes âgées. Quand la durée de sommeil nocturne a été suffisante, une courte sieste de moins d'une demi-heure en début d'après-midi augmente la vigilance et maintient, voire améliore, les performances pendant environ deux heures et demie. Et quand une personne manque de sommeil, la sieste réduit la somnolence, et ce, plus efficacement que la consommation de caféine (mais les effets des deux s'additionnent et optimisent les performances si le café est pris juste avant la sieste).
Chez les travailleurs en horaire décalé, une courte sieste vers une heure du matin diminue la fatigue et compense en partie leur manque de sommeil. Par exemple, la nasa a montré que les pilotes de long-courrier qui faisaient une sieste de 40 minutes dans leur cockpit étaient ensuite plus rapides pour répondre à des tests psychomoteurs que ceux qui restaient éveillés.
Dans une étude s'intéressant à la conduite automobile de nuit, 66 pour cent des participants qui avaient pu faire une sieste à une heure du matin avaient une qualité de conduite semblable la nuit et le jour ; en revanche, seulement 13 pour cent des sujets qui n'avaient pas dormi maintenaient leur performance. Ainsi, faire une sieste réduit le risque d'erreurs au volant et d'accidents de la route. Par ailleurs, la sieste améliorerait l'humeur.
En outre, différentes études ont montré, qu'à l'instar du sommeil de nuit, la sieste a des effets bénéfiques sur la consolidation de différents types de mémoire (la mémoire verbale et les mémoires des gestes). Même une courte sieste améliore les performances dans des tâches d'apprentissage de listes de mots ou d'habileté motrice.
La sieste a donc des qualités incontestables. Cependant, il faut respecter certaines conditions, notamment en termes de durée. Si les études s'accordent sur les effets réparateurs d'une sieste d'une dizaine de minutes, un sommeil diurne de plus de 30 minutes peut engendrer les effets inverses. On peut se sentir « groggy » juste après le réveil. Ce sentiment de malaise, qui a des conséquences négatives sur la vigilance et les performances, se nomme « l'inertie du sommeil » : plus on dort longtemps dans la journée, moins on émerge facilement du sommeil. Juste après une longue sieste, il faut donc éviter de réaliser des tâches nécessitant un temps de réaction rapide.
Par ailleurs, une sieste trop longue ou trop tardive serait néfaste sur la quantité et surtout sur la qualité du sommeil nocturne qui suit. Autre fait étonnant : plusieurs études épidémiologiques ont montré que les personnes âgées de plus de 65 ans qui font souvent la sieste auraient un taux de survie plus faible. Cette association inattendue ne serait pas due à la sieste elle-même, mais à une pathologie du sommeil non diagnostiquée, dont la sieste serait un marqueur, tel le syndrome d'apnées du sommeil. Il faut donc distinguer la sieste planifiée et volontaire, qui a des effets favorables sur l'organisme, et la sieste involontaire, associée à une somnolence diurne excessive et ayant des conséquences néfastes sur la santé.
En conséquence, si le besoin s'en fait ressentir, une courte sieste serait bénéfique sur la vigilance et les performances de la journée. En revanche, une sieste ne doit pas être une contre-mesure systématique à une privation chronique de sommeil, un bon sommeil de nuit restant indispensable pour être en pleine possession de ses capacités et éviter les accidents.