L’aviation aura du mal à réduire ses émissions
Par Denis Delbecq • 4 octobre 2009
La technologie peut-elle empêcher l’envol des émissions de gaz à effet de serre (GES) du transport aérien? Il y a quelques jours, l’industrie aéronautique —par l’intermédiaire de l’organisation IATA— avait proposé à l’ONU un plan pour combattre ses rejets. Avec une première étape en 2020 qui verrait leur stabilisation, et une seconde, entre 2020 et 2050, au cours de laquelle un objectif de réduction des émissions de GES de 50% serait fixé. Reste à savoir comment le réaliser. Chaque année, l’industrie aéronautique réduit de 1,5% à 2% la consommation de carburant par personne transportée. Mais le trafic, lui, augmente nettement plus vite, avec un rythme de croissance supérieur à 4% par an qui efface tous les progrès fait en matière de sobriété. Selon la revue du Massachusetts Institute of Technology, Technology Review, les propositions faites par l’industrie aéronautique sont irréalistes.
Aujourd’hui, le kérosène est le seul carburant qui échappe à toute taxation. Un dogme décidé au sortir de la seconde guerre mondiale, pour favoriser les échanges et développer le commerce mondial. Alors que l’idée de taxe carbone fait son chemin dans les esprits, l’industrie aéronautique cherche à éviter que l’exception du kérosène ne soit balayée par les impératifs de réduction des émissions de GES. D’où l’idée d’objectifs volontaires pour éviter que les législateurs ne s’en mêlent.
L’aviation est handicapée par la longue durée d’exploitation des avions. Un aéronef flambant neuf qui effectue son premier vol aujourd’hui restera en service pendant 20 à 30 ans, avec de faibles possibilités d’améliorer son efficacité énergétique. Selon Technology Review, les avions qui seront lancé en 2020 consommeront 20% à 35% de moins qu’aujourd’hui. Mais, par exemple, les A380 voleront bien au delà, puisque l’avion européen entame tout juste sa carrière. Au delà de 2020, en revanche, des designs beaucoup plus radicaux permettraient de substantiels progrès en matière d’efficacité énergétique. Le secteur aérien planche aussi sur une réorganisation complète du contrôle des vols, pour réduire les temps d’attente à l’approche des aéroports. Autant de progrès qui pourraient être gommés par la hausse du nombre de passagers.
Dans l’Union européenne (UE), toutes les compagnies aériennes seront soumises, à partir de 2012, au régime des quotas d’émissions de gaz à effet de serre, à l’instar de ce qui se fait déjà —dans le cadre du protocole de Kyoto— pour les industries lourdes (énergie, acier, ciment, etc.). Les règles concernent tous les vols décollant —et atterrissant— sur le territoire de l’UE.