Le décathlon du solaire remporté par l’Allemagne
Est-ce une surprise, tant l’Allemagne investit dans le solaire? L’édition 2009 du Solar Decathlon a été remportée par une équipe de l’Université de Darmdstadt. Organisée par le Département américain de l’énergie, la compétition notait, sur dix critères, la réalisation d’une maison autonome en énergie. Vingt équipes universitaires s’affrontaient. L'Allemagne termine juste devant l’Université d’Illinois, l’équipe «Californie» et l’équipe canadienne «Ontario-Colombie britannique».
Chaque équipe avait construit une maison, avec comme cahier des charges de produire plus d’énergie qu’elle n’en consomme. L’équipe d’Allemagne —qui avait déjà remporté la compétition en 2007— s’est même payée le luxe de fournir de l’électricité au réseau électrique de Washington pendant les trois journées pluvieuses qu’a connu la compétition. De quoi recevoir 150 points sur 150 pour l’épreuve de mesure énergétique, la plus importante des dix que comptait le concours. Un petit aperçu des épreuves.
Mesure énergétique. Chaque maison était reliée au réseau électrique au travers d’un compteur. Les équipes capables de produire 100% de leur électricité recevaient une note de 100. Jusqu’à 50 points supplémentaires pouvaient être distribués si une habitation injectait un surplus de production dans le réseau électrique. Sept équipes sur dix ont reçu des points supplémentaires.
Architecture. Un jury d’architectes a étudié les plans et leur réalisation, ainsi que la facilité à circuler (les maisons étaient ouvertes au public) et l’esthétique de la réalisation.
Viabilité. Ce sont des professionnels de la construction qui ont été chargés de juger le confort, le coût de construction et la qualité de réalisation. L’Allemagne n’a fini que septième à cette épreuve, notamment en raison de son prix de revient évalué entre 650 000 et 850 000 dollars. C’est l’Université de Louisiane qui a remporté cette épreuve, avec, entre autres, un coût évalué entre 250 000 et 450 000 dollars.
Ingénierie. Les jurés ont évalué le bon fonctionnement des installations, l’efficacité énergétique, les innovations et la fiabilité de la production d’énergie.
Confort. Les équipes devaient maintenir une température entre 22,2 et 24,4°C, et une humidité relative entre 40% et 55%.
Eau chaude. Les installations de production d’eau chaude devaient être capables de fournir 57 litres d’eau chaude (à 43,3°C) en moins de dix minutes, plusieurs fois par jour.
Equipements. Les équipes devaient en permanence maintenir la température dans un frigo et dans un congélateur, laver et sécher dix machines de linge dans la semaine, et faire fonctionner cinq fois le lave-vaisselle dans le même temps.
Loisirs. Cette fois, place à la convivialité. Chaque équipe devait organiser deux dîners, éclairer convenablement l’ensemble des pièces de la maison, faire fonctionner ordinateur, télévision et d’autres appareils, organiser une soirée home-cinéma et faire bouillir de l’eau à horaires fixes, pour simuler l’usage de la cuisine.
Eclairage. Ça se corse. Alors que les ampoules à faible consommation ne sont pas réputées pour la qualité de leur lumière, les équipes étaient jugées sur le rendu de couleurs, l’agrément des éclairages etc. De même, l’usage de la lumière naturelle était jaugé par les jurés. Ces derniers devaient aussi regarde la flexibilité des éclairages, l’automatisation de certains et l’efficacité énergétique des lampes.
Communication. Chaque équipe était jugée sur sa capacité à faire connaitre son projet, et notamment sur la qualité de son site internet.
Zoom sur la surPLUShome de l’Université technique de Darmstadt
Pour réaliser sa maison de deux niveaux —120 m2 au total—, l’Université de Darmstadt s’est appuyée sur une ossature en bois, associée à une forte isolation thermique (murs à 0,077W/m2K soit trois fois mieux que les normes allemandes) et notamment à des panneaux sous-vide pour éviter les ponts thermiques, et des triples vitrages. L’électricité (21,6 kW installés au total) était fournie par des panneaux solaires à haut rendement (18%) sur le toit, associés à des panneaux en couches minces sur les façades (rendement 11%). Ils alimentaient notamment une pompe à chaleur, qui servait notamment à extraire la chaleur de l’air rejeté par la ventilation mécanique pour réchauffer l’air extérieur. Un système actif d’ombrage des façades évitait les surchauffes. Au final, selon ses concepteurs, la maison allemande ne demande que 11 ans pour fournir toute l’énergie qui a été nécessaire à produire et assembler ses éléments. Au bout de dix ans, son bilan de gaz carbonique serait donc négatif. Rendez-vous est pris pour la prochaine édition de cette compétition riche d’enseignements. Elle se déroulera en 2011.
• Découvrir la maison allemande SUrplus, qui remporte cette édition 2009 du Solar Decathlon.