Liban-zone sensible de pollution se prend en main
Le Liban, zone sensible de pollution de la Méditerranée, se prend en main
À l’initiative de l’Union européenne, du Programme pour l’Environnement des Nations Unies (UNEP) et de la Banque européenne d’investissement (EIB), le programme d'investissement «zones sensibles» pour la Méditerranée (MeHSIP) a été mis en place pour réduire les sources de pollution les plus significatives et répondre aux préoccupations concernant la pollution qui affecte la Méditerranée depuis les côtes.
Diala Gemayel - Beyrouth, Eurojar
Selon un rapport de l’UNEP datant de 2003, il n’y a au Liban aucun plan de traitement des eaux d’égout, et celles-ci sont directement jetées dans la Méditerranée. C’est dire si le pays, partenaire de la Politique européenne de Voisinage (PEV), est concerné par le MeHSIP. En effet, celui-ci a pour objectif principal d’aider les partenaires méditerranéens de l’UE à la mise en place de projets investissant dans la réduction de pollution. Il s’agit principalement, pour le MeHSIP, de préparer le cadre nécessaire pour que le Liban puisse faire des demandes de prêt auprès de la BEI de telle manière à ce que l’avancement du financement des projets en faveur de la lutte contre la pollution se fasse en temps et en heure. A terme, la BEI veut développer un réseau de projets dans le cadre du MeHSIP apte à renforcer les coopérations dans la région Méditerranée, d’une part, et à encourager le financement de projets de très grande envergure. In fine, la Banque cherche des investisseurs actifs dans la région avec lesquels elle pourra, dans le futur proche, collaborer étroitement et aider ainsi la réalisation de Horizon 2020.
Le Liban ne manque pas de pollution, ni en qualité, ni en quantité. Il se trouve face à ses eaux usées, ses décharges sauvages de déchets solides et à sa pollution atmosphérique. Le rapport du MeHSIP, daté de janvier 2008, constatait, dans les quatre principales régions du pays, des arrêts significatifs de facteurs polluants : ainsi, au Liban-Nord, le rapport rendait compte de quatre égouts, se déversant directement dans la mer, ayant arrêté leur activité (El Abdé, Tripoli, Chekka, Batroun); de la réduction d’emploi de fertilisants; enfin, à Tripoli, de la cessation d’activité de la décharge côtière. Même effort à Beyrouth, avec la fermeture des égouts maritimes et de la pollution découlant des abattoirs. Le Mont-Liban et le Liban-Sud commencent, quant à eux, la mise en place du traitement des eaux usées, surtout dans les régions industrielles où des technologies moins nocives sont en train de voir le jour.
Il n’en reste pas moins que la pollution libanaise, rendue endémique par le manque total de centralisation au niveau de l’Etat, est partout: les lieux de décharge en bord de mer non contrôlés, en particulier de métaux lourds, sont une menace pour l'écosystème marin. De plus, la présence de décharges sauvages dans toutes les municipalités est criante, et ceci par manque de concertation sur le choix des sites de décharges contrôlées, voire par manque de pouvoir de décision sur le type de procédé d'élimination des déchets solides à adopter, par pyrolyse ou autre.
La principale raison d’être du MeHSIP est celle de coordinateur technique d’Horizon 2020, le programme de dépollution de la Méditerranée à remplir d'ici 2020, fournissant les ressources financières appropriées et l'appui technique pour faciliter son exécution, engagé à l'occasion du dixième anniversaire du Processus méditerranéen européen, en novembre 2005. Plus que jamais, les 131 points chauds de pollution identifiés dans les pays de Méditerranée doivent œuvrer ensemble et pérenniser leurs actions, tant nationales que régionales. Un défi difficile à relever, comme l’explique George Akl, consultant opérationnel pour MeHSIP : « La Méditerranée-Nord a, dans sa très grande majorité, réussi à solutionner ses problèmes de pollution et à gérer ses points chauds. La région Sud, quant à elle, est loin derrière à cause du manque de financements. Une aide spéciale a été débloquée par l’UE et le FEMIP. Celle-ci se poursuivra jusqu’en 2013».