Dans la cafétéria de l’hôpital, à Beit Chabab, plusieurs hommes et femmes discutent gaiement, assis sur leurs fauteuils roulants. Ils parlent de l’exposition de Noël qui va se tenir à partir de demain dans le centre de réhabilitation – une exposition dont ils sont les principaux acteurs, puisque ce sont eux qui ont réalisé toutes les œuvres présentées. Ici, ils n’ont pas l’impression d’être des patients : malgré des handicaps parfois très contraignants, ce sont avant tout des artistes, qui travaillent dur pour produire des œuvres étonnantes de raffinement.
On trouve un peu de tout dans les deux grandes salles où sont disposées ces œuvres. De jolies aquarelles attirent le regard avec leurs couleurs simples et fleuries ; on apprend avec surprise qu’elles ont été peintes par des artistes au bras emprisonné dans une attelle, parfois avec le pinceau dans la bouche. Des perles sont collées sur des boules de Noël, et des rubans sont noués sur les décorations, par des artistes qui ne peuvent bouger qu’une seule main, et qui travaillent seuls. Toutes les créations sont impressionnantes par la précision avec laquelle elles sont réalisées. À leur beauté s’ajoute une qualité artisanale qui justifie leur prix. Services en porcelaine peinte, nappes brodées, décorations de Noël : tout est à vendre, et les bénéfices sont directement versés aux artistes.
Une responsable du centre nous emmène voir « les garçons », comme elle les appelle affectueusement, bien qu’ils aient tous aujourd’hui dépassé la quarantaine. Ils peignent, brodent et bricolent consciencieusement dans les ateliers, individuellement ou en équipe. Rien ne les différencie de vrais artisans, si ce n’est un peu plus d’amour qu’ils mettent dans leur travail. « Nous savons que le public veut nous aider, explique l’un d’entre eux. Mais nous voulons que ces gens achètent nos produits par envie, parce qu’ils les aiment, pas par charité. » Le pari est réussi : tous les ans, de nouveaux visiteurs rejoignent les habitués pour acheter leurs cadeaux de Noël avec toujours autant de plaisir.
L’exposition se tiendra à partir de demain et jusqu’au 18 décembre au centre de réhabilitation de Beit Chabab.

L'orient Le Jour